celophane

C’est l’histoire d’un pâtissier, trotskiste, dans les années 50...

mercredi, octobre 03, 2007

control


"Ce crépuscule des demi-dieux cold et new-wave nous transporte par-delà les ténèbres dans un passé déjà lointain, où la musique était encore une affaire de passion viscérale, non des fichiers échangés sur Internet. Car c'est peut-être ce que le film a de plus frappant, la reconstitution d'un monde étroit où un album d'Iggy Pop représentait la seule bouée à laquelle il était souhaitable de s'agripper (pour couler à pic). Un monde où la solitude était encore un sentiment concret. On écoutait seul Joy dans sa chambre parce que les autres mecs du lycée étaient des beaufs infâmes et qu'ils aimaient Hubert-Félix Thiéfaine. On pouvait écouter cette musique comme l'émanation exacte de cet isolement calamiteux qui a disparu avec l'arrivée du réseau mondial. Un groupe comme Joy, une figure comme Curtis, a-t-elle un sens à l'ère de MySpace ? Les gravats synthétiques, la voix d'outre-tombe, la geôle psychique perpétuelle d'hier a cédé la place à une euphorique société des internautes, fondée sur le partage MP3 et les regroupements par communautés de goûts. La pesanteur de l'origine géographique et du confinement social a, au moins virtuellement, été abolie."

Chronique de "Control", dans Libé, 26/09/07